« Le rappel des oiseaux » est un bestiaire né au cœur de la Vieille Ville de Montreux en Suisse, il s’agit du projet d’une résidence d’artiste de cinq mois réalisé par Fernanda Sanchez-Paredes avec AIR-Montreux en 2022. Ce projet photographique retrace nos lignes de partage entre humains et non-humains. Sensibles à leur environnement, les habitants du Quartier des Planches ont fait partie de ce bestiaire composé de toutes sortes d’animaux appartenant à leurs rêves et leurs histoires personnelles. Du même titre que l’œuvre du compositeur français, Jean-Philippe Rameau, ce recueil comprend des animaux aux personnalités charmantes et chargées de symboles dialoguant avec le paysage de Montreux et ses alentours.
Exposition à la Maison Visinand en décembre 2022 à Montreux, Suisse
Depuis la rentrée scolaire, les élèves de terminale CGEA (Lycée agricole de Chartres) ont noté avec précision toutes les rencontres qu’ils ont pu faire avec les animaux sauvages de La Beauce. Certaines rencontres ont eu lieu de façon fortuite (quatre corbeaux ont entouré un élève), d’autres lors de chasse à l’arc, lors de l’exploration de grottes hébergeant des chiroptères, enfin quelques élèves ont rêvé à ces animaux sauvages. Les élèves ont été sensibilisés au travail de l’anthropologue Philippe Descola et ont exploré les différentes catégories de relations entre humains et non humains à travers les cultures du monde: le totémisme, le naturalisme, l’analogisme et l’animisme. A l’issue de ces mois d’imprégnation, les élèves ont choisi un animal et ont incarné son esprit. Ils ont alors réalisé des tenues qui incarnent l’âme de l’animal choisi…
Février 2021
Série issue du programme Aux arts ! Lycéens & apprentis / Travail réalisé avec les élèves de la classe de Terminale bac professionnelle et Julien Clement professeur d’éducation socioculturel. Lycée agricole de Chartres, 2021
Projet photographique sur la biodiversité et le plastique, réalisé avec Julien Clement, professeur d’éducation socioculturelle, et les élèves de terminale Bac Bio Industrie Transformation du Lycée Agricole de Chartres en avril 2023.
La gare de Mouchan qui accueille l’œuvre de Fernanda Sanchez Paredes sur son royaume de l’itinérance douce est un jumelage, un pont, un dialogue entre deux pays, la France et le Mexique qui ont imprégné sa vie, de la jeunesse à l’âge adulte, de son lieu de naissance au lieu où elle a posé ses valises. La voie verte de l’Armagnac s’enrichit d’une vision magique et surprenante avec une vue spectaculaire réunissant deux continents, deux cimes, deux chaines de montagnes. La voie de l’ancienne voie ferrée, connexion pendant longtemps entre différentes gares, propose une halte entre un lieu A et un lieu B à la gare de Mouchan. Vu de vélo ou en footing, personne ne pourrait détecter que Fernanda a créée « un collage » de deux chaines de montagnes avec sept photos. C’est stupéfiant ! En passant, on dirait que c’est une image d’une seule chaine de montage. Comment sur une distance de 10 000 km, avec un océan au milieu, les roches peuvent se ressembler tant ?
Il faudrait s’arrêter, descendre de son vélo ou cesser de courir pour percevoir les détails de la mise en place du jeu visuel. Il n’y a pas de trucage, seulement une rencontre, entre deux mondes, deux continents, deux visions de paysages. Le spectateur est invité, en faisant des allers / retours entre les photos, à découvrir la beauté de chaque image. La balade par excellence d’une excursion en « slow motion » invitera à aller plus loin dans la découverte des trois autres sites des Chemins d’Art.
Grâce au thème de l’itinérance douce, l’artiste a inventé avec hardiesse, à travers son cheminement de vie, comment un parcours personnel peut se refléter dans une œuvre. La mise en abîme entre deux mondes, deux vies nous fait réfléchir sur la nôtre. Le dialogue entre la France et le Mexique, se trace sur une crête, une ligne, un horizon. Cette ligne de contact est le rail de train qui resurgit de temps en temps.
Entre le volcan « Xinantécatl » ou le « Nevado de Toluca » au Mexique et les collines du Tourmalet dans les Pyrénées il n’a pas seulement l’Atlantique, mais aussi une différence de 2 000 m d’altitude. Seulement Fernanda a pu, avec son regard de photographe, son œil d’aigle, son objectif, voir la liaison entre les deux cimes. Les montagnes ne sont pas simplement des montagnes, chacune d’elles a ses spécificités et sa noblesse, sa beauté et sa voix. Mais, curieusement, les formes et la couleur entre les cimes se correspondent et communiquent entre elles, en se donnant des réponses entre continents. Chaque photo en soi-même est une photo individuelle et unique. Aussi, les sept réunies se déploient en installation, en pont, en vision, l’œuvre prend sens dans un dialogue entre les mondes, entre les peuples et entre les paysages. C’est là la force de l’art. L’art contemporain a cette capacité de communiquer du sens, plus que devenir simplement image. Chacun et chacune est invité à la possibilité de voir, d’interpréter comme il / elle veut. Mais la présence du sens de l’œuvre reste dans nos mémoires, ancré pour toujours, comme un stimulus de réflexion.
Claus Sauer
Commissaire d’exposition
Cette installation fait parti de la 12ème édition de Chemins d’art en Armagnac : quatre interventions sur quatre sites par quatre artistes dans le Gers : Vicente Pastor, Laurie Dallava, Rudolf Nikel et Fernanda Sánchez-Paredes
L’œuvre de Fernanda consiste en un assemblage de sept photos, provenant d’une part d’un volcan de son pays d’origine, le Xinantécatl , au Mexique, d’autre part d’une montagne de son pays d’adoption, les pentes du Tourmalet dans les Pyrénées, en France. Devant ces photos, comme un lien d’acier adouci par la couleur rose, des rails, que l’on pourraient imaginer comme le moyen d’un voyage entre ses deux lieux, utilisant des espaces non terrestres. En cheminant sur la voie verte, à un certain endroit très précis, on regarde en direction de ces sept photos, on est stoppé, on s’arrête. Grâce à une sorcellerie qui agit sur nos yeux, il ne reste plus qu’une image, celle d’une montagne qui n’existe pas, enfant d’une tectonique improbable, une chimère géographique à la beauté austère. On savoure le moment. On reste debout, là, à cet endroit précis, car on voyage sans bouger, on relie des lieux lointains. On reprend la marche et l’image se disloque peu à peu, la montagne se désagrège, rendant au Mexique ses parcelles de Xinantécatl et à la France ses bribes de Tourmalet. Nous n’avons plus qu’une seule envie, recommencer encore et encore, pour retrouver le plaisir de créer un monde sans bouger, sans dépenser d’autre énergie que celle de nos quelques pas.
Commande photographique initiée par la Communauté de Communes de Val de Garonne. En coopération avec Bordeaux Métropole, la ville de Bordeaux ainsi que l’association Pollen.
Juillet-Octobre 2020
Vues de l’exposition dans les grilles du Jardin Public à Bordeaux, mai 2021
Vues de l’exposition au Festival International de Journalisme à Couthures-sur-Garonne, juillet 2021
Demander au vent
J’aime les images sonores, presque musicales. Le silence romanesque qui précède le premier bruit lorsque la nuit s’enfuit. Tel pourrait être le début d’une bande-son, celle des photographies de Fernanda Sánchez-Paredes dans la série Les heures bleues.
Comme une scène introductive de film, le premier cadrage dit tout d’une atmosphère à venir, première vue fixe, focale réglée au plus juste du premier au dernier plan du paysage ; le regardeur attend un élément qui traversera le champ. Viendra-t-il ?
Depuis le bleu profond de la terre qui se décline en camaïeu jusqu’aux cieux encore entre chien et loup, il y a le bruit imaginaire, supposé. Le son reconnaissable d’une mobylette, d’un chien qui aboie, celui sourd et creux de la porte d’un tracteur John Deere. Avec les premières notes des passereaux lève-tôt1, ils sont les premiers signes de l’aube, quand éclot doucement le babil de la vie après le manteau muet de la nuit.
Les pluies scintillent au soleil, les volutes de brumes figurent les dieux des forêts et des jardins, les sillons dans les blés simulent les traces manuelles des géants, une table de ping-pong bleue espère le tempo des balles tandis qu’un hamac improvisé regrette le corps qu’il lovait tantôt. Silence.
Demandez au vent
Quelle feuille tombera
La première2
Fernanda Sánchez-Paredes, dans cet ensemble photographique, ne se positionne pas en chanteresse de la nature mais plutôt en révélatrice de paysages. Celui d’une imagerie collective, bucolique et enchanteur au sortir des bois, au détour des rivières mais surtout le paysage fabriqué, structuré tel qu’il apparaît ces dernières années. Une nature urbanisée ceinture désormais les campagnes qui retoquent le pittoresque, comme pour braver l’ancien goût amer de l’exode rural et s’enorgueillir fièrement du retour à la terre moderne.
L’artiste déploie aussi son regard sur la conséquence de la pression exercée sur le monde rural, le clonage des lotissements et des zones d’activités qui neutralise les espaces et les lieux. Certains lieux font signe en tant que neutre et cessent de l’être dès lors qu’une attention leur est prêtée.3
Les heures bleues nous conduisent, grâce à leurs titres géographiquement positionnés, à un territoire précis, entre fleuve et villages. Ici, les ponts sont marqués de l’impact des panneaux tandis que les stigmates d’une roue dessinent un serpent sur le sable de la berge. La vie est là, dans le vert reconnaissable de la structure d’une balançoire, le voilage des potagers et des vergers, les couleurs vives d’un rideau chasse-mouches.
Une attentive application à la couleur, à la lumière et aux aplats est présente dans son travail. Telle une peintre, Fernanda Sánchez-Paredes travaille sa palette, ses surfaces et la carence de ses noirs. Subtile, quasi invisible pour un œil distrait, la douce pâleur générale de la plage colorée baigne parfois la série d’une délicate irréalité. La photographe s’amuse à aplanir ses champs, comme une composition de carte postale, elle cadre et jouxte les plans pour ne pas hiérarchiser ses sujets et faire émerger les lignes.
Dans la tradition de la photographie de paysage4 qui endossa très rapidement le rôle de révélateur du réel, Fernanda Sánchez-Paredes use de l’absence et du manque pour esquisser hors-champs les personnages. Elle révèle dans ses clichés les symboles universels d’une adolescence qui s’ennuie à la campagne, les signes de la présence des femmes et des hommes qui y vivent. Il y a pour moi, dans ce travail de va-et-vient — mélange de photographie plasticienne et connaissance documentaire du sujet — une filiation avec la puissance et la qualité fictionnelles des images de Thibaut Cuisset, promenades et cheminements poétiques souvent sans personnages.5
(…) c’était une harpe d’herbes, une harpe qui récoltait, racontait, une harpe de voix qui se rappelait une histoire. Nous écoutions.6Le temps passé sur ces routes, au milieu des champs et des harpes d’herbes, suivre les lignes d’eau et de macadam, entendre les voix et les jeux d’enfants, regarder danser les arbres et les draps, Fernanda Sánchez-Paredes a épuisé ces paysages avec bienveillance. Ressent-elle, au finir de son bel ouvrage, ce sentiment étrange qui mêle apaisement, soulagement et « remplissage », comme au retour d’un lointain voyage ?
Insensiblement, à mesure que la montre tissait le bruit du temps, l’après-midi s’orientait vers le crépuscule. Le brouillard de la rivière, la brume d’automne laissait traîner des pâleurs lunaires parmi les arbres bleus et les arbres cuivrés, et un halo, une image de l’hiver, encerclait le soleil déclinant.7 À l’orée de la brunante, le soir, il est heureux que les heures bleues sévissent encore.
Émilie Flory
Paris, janvier 2022
Notes
Le rougequeue noir et le rouge-gorge sont des passereaux, ils sont les premiers oiseaux à chanter le matin, parfois même, avant le lever du soleil.
Jean-Christophe Bailly, Le Dépaysement. Voyages en France, Éditions du Seuil, 2011 et France(s) territoire liquide, Éditions du Seuil Collection Fiction & Cie, 2014
À lire sur le sujet, Christine Ollier, Paysage Cosa mentale. Le renouvellement de la notion de paysage à travers la photographie contemporaine, Éditions Loco, 2013
« Non seulement chaque photo est le témoignage d’une découverte, mais en plus, parmi la séquence d’images de Dédalo, il est possible de débusquer un air de famille : ce qui y est montré est un certain type de découverte, une série d’intuitons liées, en chaîne. Les titres de la série font référence aux lieux où, vraisemblablement, les photos furent prises. De tels toponymes tracent une carte personnelle, une sorte d’atlas où l’auteur marque, comme avec des punaises les lieux où elle a repéré des animaux fantastiques.
Seulement, en l’occurrence, ces animaux sont plutôt des formes : des compositions précises découvertes avec discernement. Ces compositions, à leur tour, dialoguent ouvertement avec d’autres de l’histoire de l’art, du cubisme analytque (Toits de Paris, qui pourrait rappeler Maisons sur une colline de Picasso, ou l’une des villes de Braque). Et c’est grâce à ces références à l’esthétique de certaines avant-gardes que la série devient, au-delà d’une carte, une pinacothèque personnelle. »
Daniel Saldaña París
poète, romancier, essayiste
Vues de l’exposition à la Galeria de Arte Mexicano, Mexico City, 2016
… au-delà des idées, il est important de signaler que dans les photos de Fernanda Sánchez-Paredes il y a des histoires, ou des squelettes d’histoires, plutôt; des narrations absurdes, racontées avec le minimum, presque de petits contes. Pensons au Musée du Louvre I (2015), où plusieurs touristes se retrouvent soudainement transportés sur Les noces de Cana de Véronèse…
Daniel Saldana Paris
(extrait de l’article « Le presentiment d’un ordre », 2016)
Les tons pales de ces photographies ont leur origine non loin du cercle polaire, dans une île de Suède appelée Trysunda. Dans cette petite île l’obscurité d’une nuit sans fin règne durant six mois. Le reste de l’année les pêcheurs vivent sous une lumière intense et continue. Sous ce halo intense et transparent, les jaunes clairs, les rouges pâles et les bleus rois, sont encadrés par les verts et les marrons. Dans ce sens, les images produites sont une série d’espaces picturaux à l’échelle de tons d’une grande finesse qui se succèdent d’une manière peu logique, irréelle et intemporelle.
Station de ski La Mongie III, 110×110 cm, 2020Col d’Aspin I, 110×110 cm, 2020Station de ski La Mongie IV, 110×110 cm, 2020Station de ski La Mongie V, 110×110 cm, 2020Col d’Aspin II, 110×110 cm, 2021Carrière de l’Espaidet I, 110×110 cm, 2020Carrière de l’Espaidet II, 110×110 cm, 2020Vallon de Salut I 110×110 cm, 2020Vallon de Salut II 110×110 cm, 2020Rocher de la Peyrie, 110×110 cm, 2020Carrière de Labassère I, 110×110 cm, 2020Carrière de Labassère II, 110×110 cm, 2020
Carrière de marbre l’Espiadet III, 110×110 cm, 2020Carrière de marbre l’Espiadet IV, 110×110 cm, 2020
Carrière de marbre l’Espiadet V, 110×110 cm, 2020Vallon de Salut III, 110×110 cm, 2020Cabane des Esclozes I, 110×110 cm, 2021Les quatre Véziaux de Payolle, 110×110 cm, 2021Le Chirolet, Vallée de Lesponne, 110×110 cm, 2021Cabane des Esclozes II, 110×110 cm, 2021Les Baronnies, 110×110 cm, 2021Château de Beaudéan 110×110 cm, 2021Carrière de marbre de Laborde I, 110×110 cm, 2021Carrière de marbre de Laborde II, 110×110 cm, 2021Carrière de marbre de Laborde III, 110×110 cm, 2021Hourquette d’Ancizan I, 110×110 cm, 2020Hourquette d’Ancizan II, 110×110 cm, 2021Hourquette d’Ancizan III, 110×110 cm, 2020Lac d’Arou, 110×110 cm, 2020Hourquette d’Arcizan IV, 110×110 cm, 2020
Cette série de photographies de Fernanda Sánchez-Paredes a été réalisée dans le cadre d’une résidence sur le territoire de la Haute-Bigorre. Un temps de création qui a curieusement coïncidé avec les dates du premier confinement. Ce contexte inattendu a ouvert le travail de réflexion de la photographe à d’autres horizons par rapport à son intention initiale de projet de résidence souhaitant ainsi questionner la place que l’on entretient avec notre environnement.
Le Vallon de Salut, la Mongie, la carrière de marbre de l’Espiadet, la Hourquette d’Ancizan, le col d’Aspin, l’ardoisière de Labassère, Laborde ou encore la Cabane des Esclozes, témoignent de traces de vie humaine contrastant avec la nature. C’est à cette dualité que la photographe s’est intéressée.
La représentation d’un espace naturel est aujourd’hui très codifiée. En ce sens, Fernanda Sánchez-Paredes questionne aussi dans sa série d’images la représentation d’une idée du paysage dans la photographie. C’est dans cette optique que le format carré s’est imposé comme un format qui permet de simplifier la lecture et d’attirer le regard vers le centre de l’image. Le carré permet également de mettre en avant une frontalité et la verticalité d’un paysage, pouvant alors évoquer une estampe japonaise.
Le travail de la photographe se présente telle une réflexion autour de la construction de l’image dans laquelle l’horizon tend à disparaître, révélant matières, détails et différentes tonalités. Son travail de création s’apparente aussi à une recherche formelle sur les variations de la lumière spécifique à une géographie. Filtrée par des nuages changeants, la lumière est parfois diaphane, voire transparente, d’autre fois au contraire plus vive, pour nous évoquer tour à tour la douceur et la crainte.
collectif, association Traverse
Le livre
« De nuages et de pierres »
est maintenaient en vente en librairie!
En vente en librairie ou sur le site Ed. en Apnéee :
Vues de l’exposition au Vallon de Salut, Bagnères-de-Bigorre, Hautes-Pyrénées, été 2020
N.B. Sur les photographies de la marbrière de l’Espiadet apparaissent des parties d’œuvres contemporaines : Translation au cordeau de Léa Lalanne (colonnes tracées en bleu sur la grande paroi de la « fosse »).Dans l’âtre de Aurèle Lafon (cheminée dessinée en blanc sur la paroi du plâ de la Terrasse royale)(Exposition Parc & pics à l’Espiadet, été 2019, issue du programme de recherche Parc & pics de l’École supérieure d’art et de design des Pyrénées)
Apertura I, 2008, caisson lumineux 120×80 cmApertura II, 2008, caisson lumineux 120×80 cmApertura III, 2008, caisson lumineux 120×80 cmApertura IV, 2008, caisson lumineux 120×80 cmApertura V, 2008, caisson lumineux 120×80 cmApertura VI, 2008, caisson lumineux 120×80 cmApertura VII, 2008, caisson lumineux 120×80 cmApertura VIII, 2008, caisson lumineux 120×80 cm
Exposition à la Galeria de Arte Mexicano en 2008
Apertura.
Una llanura es, casi por antonomasia, lo abierto. En el cuadro imaginario que delimita la mirada podría cruzar, de un momento a otro, una camioneta, un pájaro, un rompimiento de gloria: todo puede transitar por la llanura e incorporarse dócilmente a su lenguaje. Podría decirse que la llanura es el lugar designado para que uno mesure la dimensión de lo habitable. La sensación de estar ante el cielo, parado sobre un planeta como cualquier otro, se acrecienta frente a un horizonte de yerbajos. Hay un extrañamiento en lo abierto, una convicción irracional de ser libres. De ahí el tópico, gastado, de correr con los brazos extendidos a través de los campos. De ahí la identificación del labriego con una versión primigenia de uno mismo.
Las fotografías de María Fernanda Sánchez Paredes muestran llanuras y paisajes que tenderían a representar esa apertura, ese careo entre el mundo y sus inmediaciones. Y sin embargo, por un sutil mecanismo de dislocación, a través de una calculada –e inspirada– construcción de sentido, estas llanuras no son instancias de lo abierto. Pese a mostrar un locus convencionalmente magnánimo, las imágenes transmiten una opresión innegable. Ante ellas, la intuición pasajera de estar dentro del agua se repite –quizás convocada por la sal, las líneas de sal que le imprimen al paisaje algo marino. La emoción newtoniana de vivir en un espacio neutro y absoluto, definido matemáticamente, se desgarra: nuestra forma de habitar el mundo, parece decir Maria Fernanda, está irremediablemente determinada por los fantasmas que proyectamos sobre él. La apertura es también jaula, dédalo, pecera. El cielo deja de ser una posibilidad y se convierte en condena, en límite infranqueable. Las cosas creadas por el hombre, en este contexto, no descansan en mitad del aire sin conflicto sino que son jaloneadas por corrientes invisibles, depositadas en ese punto exacto de « El salado » por una voluntad estética. Este revés inquietante del paisaje –su determinación, su opresiva calidad de ser finito– tiene siempre un precio que la sensibilidad se cobra. No por nada arden los ojos cuando espiamos la vida privada de los peces. Ese arder de ojos está en estas fotografías. El mundo deja de ser ese algo ajeno en donde el hombre se pasea con indiferencia y pasa a ser una cualidad misma de quien mira: lo mundano. Estas fotografías, entonces, hacen tangible una paradoja: niegan la existencia del vacío retratándolo, poniendo al desnudo la íntima relación entre el cielo, el horizonte y la mirada.
Thy I, 2020Thy II, 2020Chemin vers le Musée du jeu, 2020Ribe, 2020Ribe II, 2020Rømø, 2020Lønstrup II, 2020Hjorring, 2020Lonstrup II, 2020Esbjerg port I, 2020Esbjerg port II, 2020Esbjerg port III, 2020Esbjerg port IV, 2020Esbjerg port V, 2020Esbjerg, 2020